La méthadone : une drogue légale
Les traitements de substitution n’ont été développés à grande échelle en France qu’à partir de 1995 et toutes les études réalisées se plaignent d’un recul encore insuffisant pour juger des résultats de cette politique. Des leçons pourraient pourtant être tirées des expériences menées depuis bien plus longtemps dans d’autres pays comme la Suède ou l’Espagne, dont on connaît la spectaculaire volte-face après l’échec total des programmes « drogue contre drogue ».
Quant à l’exemple américain, un article publié dans le New York Times le 9 février dernier en dresse un bilan désastreux. Utilisée comme antidouleur depuis la Seconde Guerre mondiale, puis largement prescrite comme produit de substitution pour traiter les toxicomanes à l’héroïne, la méthadone a été en 2001 à l’origine de 10 725 overdoses aux États-Unis.
En Floride par exemple, le nombre de décès dus à la méthadone est passé de 209 en 2000 à 357 en 2001, et à 254 pour les six premiers mois de l’année 2002.
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« La méthadone est à l’heure actuelle la drogue mortelle qui connaît l’essor le plus rapide. »
James McDonough, Directeur de l’Office de contrôle des stupéfiants de Floride
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« La méthadone est sortie de nulle part » affirme James M
cDonough, Directeur de l’Office de contrôle des stupéfiants de Floride.
« C’est à l’heure actuelle la drogue mortelle qui connaît l’essor le plus rapide ».
Dans l’État du Maine, la méthadone est présente dans pratiquement 1/4 des cas de décès par overdose survenus entre 1997 et 2002. Durant les six premiers mois de l’année passée, elle a tué 18 personnes, contre 4 en 1997. Le Dr John H. Burton, Directeur du service des urgences, affirme devoir faire face à un « un raz de marée » de cas ayant pris de la méthadone dans les services d’urgence des hôpitaux.
Selon le New York Times, la forte augmentation de la consommation de méthadone serait liée à plusieurs facteurs dont l’abus croissant d’héroïne et d’OxyContin, un puissant analgésique prescrit sur ordonnance et provoquant une dépendance immédiate. Des représentants des services de santé et des officiers de police rapportent qu’un certain nombre de toxicomanes accros à ces produits se rabattent sur la méthadone lorsqu’ils ne peuvent pas se procurer les autres drogues.
Parallèlement, la méthadone est devenue de plus en plus facile à obtenir : les médecins la prescrivent pour soulager les douleurs chroniques et, par ailleurs, d’innombrables centres de traitement à la méthadone se sont ouverts pour soigner le nombre croissant d’héroïnomanes.
Les autorités américaines dénoncent surtout la méthadone liquide utilisée dans les centres de désintoxication et écoulée généralement par les patients de ces centres. Bon nombre de cliniques suivent les directives fédérales préconisant de rendre plus accessibles les traitements à la méthadone. En conséquence, elles ont cessé d’exiger que leurs patients prennent l’intégralité de leur dose quotidienne à la clinique et les autorisent une fois par semaine au moins à emporter chez eux des doses de méthadone.
« [Je suis] frappé par l’attitude de certains médecins psychiatres qui se sont octroyé un monopole du traitement des drogués et qui exercent, en ce domaine, une sorte de terrorisme intellectuel. »
- Albin Chalandon,
Ministre français de la justice, 1986
La méthadone
« C’est comme de changer de siège à bord du Titanic »
Voyez ce qu’en disent des toxicomanes qui ont suivi le programme de méthadone :
« La méthadone est sans doute la pire chose que l’on puisse donner à quelqu’un, car ça revient à lui dire : “tu as le droit de te défoncer”. »
- Scott, héroïnomane sous méthadone pendant deux ans
« La prescription de méthadone est une misère institutionnalisée. Cela ne remédie pas au malaise émotionnel et spirituel qu’est la drogue. L’heroïnomane qui suit un traitement à la méthadone ne fait rien d’autre que de changer de siège à bord du Titanic. »
- Sam, ex-héroïnomane
L’établissement psychiatrique célèbre les succès exemplaires de ce produit. La vérité est que leur programme de méthadone n’est rien d’autre qu’un pur échec, tant pour le toxicomane que pour la société.
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À Chicago,
« les gamins des banlieues arrivent en ville pour acheter de la méthadone dans la rue » déplore le Dr Ernest C. Rose, un spécialiste des toxicomanies qui travaille pour plusieurs centres de traitement à la méthadone de la région.
« Au centre-ville, vous pouvez acheter 80 milligrammes de méthadone pour 20 ou 30 dollars. C’est nettement meilleur marché que l’héroïne. Les patients eux-mêmes écoulent dans la rue la majeure partie de la méthadone que distribuent les centres. Nous devons les surveiller très étroitement car, pour bon nombre d’entre eux, c’est une seconde source de revenus. »
Il n’existe pas encore de statistique nationale concernant le nombre de décès ou d’overdoses dus à la méthadone. Mais le Réseau fédéral de prévention des toxicomanies indique qu’en 2001, les services d’urgence ont dû traiter 10 725 personnes victimes d’overdoses à la méthadone, soit presque deux fois plus qu’en 1999.
D’après les experts, l’effet narcotique retard de la méthadone et le fait qu’on ne se sente pas défoncé en la prenant sont autant d’éléments qui rendent la méthadone extrêmement dangereuse. Le Dr Burton, spécialiste de la médecine d’urgence dans le Maine, explique : « Ils la mélangent à une bière ou à d’autres drogues. Ils la consomment en pensant que c’est comme n’importe quelle drogue et qu’ils auront un flash. Mais en réalité, ils peuvent en mourir ou du moins tomber dans un profond coma. »
Combien de morts faudra-t-il pour que les pays européens réexaminent leur politique de traitement des toxicomanes ? La méthadone, loin d’aider les toxicomanes à « décrocher », ne fait que substituer une dépendance à une autre et se révèle tout aussi mortelle que les drogues qu’elle était censée remplacer.
Les programmes de réhabilitation qui ne font appel à aucune drogue de substitution sont les seuls à se révéler véritablement efficaces et devraient donc être soutenus et encouragés par les pouvoirs publics.
Sans oublier que la réponse au problème de la drogue passe obligatoirement par la mise en place d’une véritable politique de prévention.