L’obscur financement de groupes incitant à l’intolérance
Des fonds publics pour la HAINE
Depuis le départ d’Alain Vivien et la dissolution de la MILS par le nouveau gouvernement, les langues se délient... Au mépris du principe de laïcité, selon lequel l’État doit rester neutre et protéger la liberté de religion, certains officiels ont financé l’extrémisme antireligieux avec les fonds du contribuable.
Une nouvelle enquête d’Éthique et Liberté sur le financement public accordé à l’intégrisme antireligieux laisserait soupçonner l’existence d’une probable caisse noire de 4,5 millions de francs, qui aurait été utilisée pour soutenir au moins deux groupes connus pour leurs violentes attaques à l’encontre de membres de minorités religieuses : l’ADFI (Association de Défense des Familles et de l’Individu) et le CCMM (Centre Contre les Manipulations Mentales).
Les chiffres officiels, obtenus par Éthique et Liberté dans le cadre de la loi sur l’accès aux documents administratifs, montrent que ces associations militantes ont absorbé, au total, plusieurs millions payés par les contribuables pour leurs croisades d’intégristes laïcs.
UN SIÈGE DE 4,5 MILLIONS DE FRANCS
La mise en vente des locaux du CCMM soulève de nouvelles questions.
Le CCMM avait été fondé par Roger Ikor qui ne faisait pas mystère de ses intentions - saccager les restaurants macrobiotiques et « mettre un terme à toutes ces billevesées, celles des sectes, mais aussi celles des grandes religions ».(1)
Le Point révélait en octobre 2001 que Patricia Casano-Vivien, épouse de l’ancien président de la défunte MILS, aujourd’hui tombé en disgrâce, Alain Vivien, alors directrice administrative du CCMM, aurait obtenu 4,5 millions de francs (686 000 €) de deniers publics du Premier ministre Lionel Jospin pour acheter le nouveau siège du CCMM.
Un montant dont on ne trouve nulle trace dans la comptabilité de l’association. Pour quelle raison ?
Évolution des subventions accordées à l’UNADFI et des dons de ses membres entre 1995 et 2000 :
Dons des membres
Subventions d’organismes publics
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MÉDECINS SANS FRONTIÈRES (chiffres 2001)
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UNADFI
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(chiffres 2000)
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Selon les sources d’Éthique et Liberté, l’enquête devrait s’orienter vers un financement issu des « fonds secrets » du gouvernement de l’époque. Et, selon ces sources, il ne s’agirait que du sommet de l’iceberg.
Quoi qu’il en soit, le CCMM a de bonnes raisons de faire des économies. Apparemment confronté à une forte baisse des cotisations de ses adhérents, le CCMM se voit contraint de réduire ses coûts de façon drastique. Ce qui entraîne la vente des locaux et la diminution de ses effectifs. C’est ainsi qu’il se retrouve attaqué devant les Prud’hommes par Mme Vivien elle-même pour licenciement abusif.
LES RETOMBÉES
Les observateurs soulignent que les retombées de ces révélations, au-delà des chiffres, touchent le respect même de la constitution, qui interdit toute atteinte à la liberté de religion.
Du point de vue strictement économique, selon le bilan financier de l’Union des ADFI pour l’année 2000, obtenu grâce à la loi sur l’accès aux documents administratifs, les cotisations de ses membres ne représentent que 19 884 F (3 031€) alors que le montant des subventions connues à ce jour s’élève à 2 325 000 F (354 444 €). Les subventions au niveau national proviennent de différents ministères : Affaires sociales, Éducation nationale, Jeunesse et sports, Justice et même Défense, auxquelles s’ajoutent les subventions locales accordées par des communes et des départements.
Si l’on se réfère à son bilan de l’année 2000, le CCMM, pour sa part, a reçu 1 640 000 F de subventions pour 84 179 F de cotisations seulement, soit un taux de 95 % de subventions publiques !
À titre de comparaison, l’association Médecins sans Frontières est financée à 91,8 % par des dons privés, soit une proportion exactement inverse.
« POUVEZ-VOUS IMAGINER... ? »
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Selon son bilan de l’année 2000, le CCMM a reçu 1 640 000 F de subventions publiques pour 84 179 F de cotisations seulement, soit un taux de 95 % de subventions publiques !
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La loi de 1905 spécifie que l’État ne reconnaît aucun culte, mais aussi qu’il doit protéger la liberté de culte (voir article Qu’est-ce qu’une religion ?). Le financement d’associations antireligieuses militantes comme l’UNADFI et le CCMM est donc une violation flagrante des principes de la loi de 1905.
« L’article 2 de la loi de 1905 spécifie que : “La République ne reconnaît, ne salarie ni ne finance aucun culte”. Ce texte est l’expression du concept français de laïcité, signifiant plus ou moins neutralité, qui signifie que l’État s’interdit toute intervention, positive ou négative, dans les affaires religieuses. » écrit M.-R. Renard, avocat à la Cour.
Ce faisant, le gouvernement utilise l’argent des citoyens en vue d’une discrimination à l’encontre de certaines catégories de personnes en raison de leurs croyances.
Imaginez un instant les protestations que déclencherait le financement d’associations religieuses par l’État à hauteur de 95 % pour leurs activités et leurs actions de prosélytisme ! Bien qu’elles soient d’utilité publique et que le droit au prosélytisme soit garanti par la Convention européenne des droits de l’Homme, une telle situation serait considérée comme une insupportable ingérence de l’État dans le domaine de la liberté de conscience. À juste titre, pour la majorité des Français.
En 2000, le mensuel Témoignage chrétien lançait un appel pour une laïcité ouverte, signé par 70 personnalités intellectuelles, politiques et religieuses :
« En cette fin d’année 2000, la France a mal à sa laïcité. Depuis plus d’un siècle, la République en a fait une valeur essentielle de sa vie démocratique.
« Or certains représentants politiques, à droite comme à gauche, manifestent de l’agacement à l’encontre des croyants, en particulier des chrétiens, qui s’impliquent dans le débat public sans taire leurs convictions.
« Ce combat est particulièrement frappant sur des questions comme la Charte européenne des droits fondamentaux, l’enseignement des religions à l’école ou d’autres interpellations éthiques... Nous souhaitons ardemment que la laïcité, dont nous sommes également les promoteurs, s’enrichisse des apports spirituels et humanistes des religions diverses de ce pays. »
En dernière analyse, explique le responsable du Bureau des Droits de l’homme de l’Église de Scientologie, J.-L. Gagnot : « La neutralité de l’État et son engagement à protéger la liberté de culte ont une conséquence évidente : toutes les subventions publiques à des associations antireligieuses extrémistes doivent cesser immédiatement. »
(1) Cahiers rationalistes, décembre 1980.
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