Même le journal Allemand Der Spiegel souligna que ces actes intolérants pourraient nuire à un état ayant vocation à respecter la loi. Le magazine contenait aussi une critique des mesures du gouvernement de Bavière par un expert des lois constitutionnelles, Bernhard Schlink. Monsieur Schlink soulignait que ces règles pour lemploi seraient « extrêmement problématiques du point de vue de la loi constitutionnelle ».
La radio nationale suisse posa la question : « Quelle sera la prochaine cible, les catholiques ? ». Un journal anglais, lIndépendant, lun des quotidiens nationaux les plus respectés, fit la description de lUnion des jeunes du CDU en ces termes « une bande dextrémistes et de fanatiques du Parti Démocratique-Chrétien du Chancelier Helmut Kohl ».
Corriere Della Sera (italien) parla de lUnion des jeunes comme des militants lançant une campagne estivale guerrière à coup de polémiques alarmantes, dallégations névrotiques dans une croisade de violence. LUnita qualifia cette campagne de propagande néo-nazie.
Il nétait même pas nécessaire de faire preuve dimagination pour envisager le futur. Il y a un mois à peine, en réponse à une discrimination similaire dont fut victime le grand jazzman Chick Corea par les gouvernements du Bas Wurttemberg et de Bavière, le Washington Times, prestigieux journal américain, la dénomma Gestapo culturelle.
En réponse à la discrimination contre Chick Corea, les journaux Américains reprirent et diffusèrent largement une dépêche très significative de lAssociated Press : « En dépit du volume de la propagande du CDU et du SPD concernant lÉglise de Scientologie, la simple question concernant les raisons pour lesquelles elle représenterait une menace, ainsi que les preuves qui pourraient être apportées à lappui de cette thèse, est rarement soulevée et nobtient jamais de réponse. »
En fait, labsence de fondement cette campagne a été soulignée à la face du monde par un porte-parole inconnu de lUnion des jeunes CDU. Au cours dune interview sur la chaîne internationale de télévision CNN, le journaliste lui demanda si « un membre de lÉglise de Scientologie sétait trouvé associé à un quelconque délit en Allemagne ? » Sa réponse fut : « Je nen sais rien ». Il sagissait cependant de la personne qui se présentait en tant qu expert sur le sujet. Si cet individu sétait intéressé aux faits et ne sétait pas seulement préoccupé davoir son nom dans les médias, il aurait su quen dépit de la pression politique pour la mise en application de certaines lois, dans le but de trouver quelque chose susceptible de justifier la rhétorique haineuse des politiciens, rien navait été mis en évidence. En fait, après trois années dinvestigations dans lensemble du pays, le premier magistrat de lÉtat de Hambourg avait conclu quil ny avait rien à trouver.
Quand le journaliste lui demanda si les attaques du CDU contre lÉglise de Scientologie ne présentaient pas quelque analogie avec celles observées dans le passé nazi de lAllemagne, ce chef de file ne put que bégayer, « non... non... pas vraiment. » Alors pourquoi tant de gens rapportèrent que sa remarque finale clairement hystérique, « nous devons attaquer la Scientologie... nous devons attaquer la Scientologie bien plus quavant » leur fit dresser les cheveux sur la tête ?
Puisquil admet quil na connaissance daucun cas où un Scientologue aurait violé la loi, quest-ce qui nourrit son accusation selon laquelle léglise menace la démocratie ? La meilleure réponse à cette question fut apportée par quelques membres du CDU qui distribuaient de la propagande antireligieuse devant un cinéma. Interrogés à propos de la Scientologie, ils reconnurent ne rien savoir à son sujet et agir sur ordre de leurs leaders. Nest-ce pas davantage ce type de soumission qui constitue une menace pour la démocratie ? Ces jeunes fanatiques, diront-ils un jour à leurs enfants, « nous ne savions pas, nous obéissions seulement aux ordres » ?
Pas étonnant alors quun magazine allemand Focus, exprime ce que le reste du pays suspectait : que le vacarme à propos de la Scientologie était du théâtre dété, joué par des politiciens qui souhaitaient voir leur nom cité dans les médias pendant le traditionnel vide de nouvelles de lété.
Heureusement, lhystérie elle-même a son côté positif. Les médias étrangers se sentirent davantage concernés et mirent plus dénergie pour faire apparaître clairement que beaucoup dAllemands étaient en désaccord avec lintolérance du CDU. Par exemple, Extra, un programme de télévision américain distribué internationalement, interrogea quelques jeunes gens devant un cinéma, attendant la projection de Mission impossible.
« Je me fiche de savoir sil est bouddhiste ou Hindou ou à quelle religion il appartient », dit un jeune homme à propos de Tom Cruise, à lentrée du cinéma.
« Je me fiche de ce quil fait dans sa vie privée » dit une jeune femme. « Je suis sûre quil nest pas davantage intéressé par la mienne ».
De nombreux journaux étrangers rapportèrent également que lénorme succès de la sortie du film était en lui- même une preuve que la campagne du CDU était « allée trop loin » et avait ainsi perdu toute crédibilité aux yeux de la majorité des Allemands. Beaucoup de ces mêmes journaux citèrent Heinrich Lummer, membre du parlement fédéral qui, bien que lui-même membre du CDU, qualifia le boycott de « nouvelle forme de chasse aux sorcières ».
Ajoutant une pointe de sarcasme, le Toronto Sun, souligna que si les Allemands étaient déterminés à diviser leur société, ils allaient devoir envisager de reconstruire un mur...
Cette divergence dopinion entre la population Allemande et une minorité de politiciens extrémistes fut également soulignée durant une discussion récente au parlement Britannique. Tirant le signal dalarme à propos de la violence croissante contre les autres minorités incluant les juifs et dautres groupes ethniques en Allemagne, Lord Duncan MacNair déclara devant la Chambre des Lords que « Le chancelier Kohl continuait de sexcuser à propos du passé plutôt que de faire face à la réalité présente. »
Mais après avoir décrit la situation comme extrêmement dangereuse, il ajouta qu « il était clair que la plupart des Allemands était horrifié par ce dérapage vers la violence raciale. » Il pressa le gouvernement britannique « de faire face à ce qui se passait réellement en Allemagne et de se tenir inébranlable au coté de la majorité du peuple allemand, ferme et résolu contre le mouvement dextrême droite. »
Parmi de nombreux membres du congrès américain ayant critiqué récemment la discrimination en cours, figure Benjamin Gilman, Président du comité du congrès chargé des relations internationales. Dans une lettre demandant lintervention du Secrétaire dÉtat Américain Christopher Warren, Gilma déclara : « cette intolérance semble avoir franchi la ligne qui la différenciait dune action discriminatoire interdite par la Déclaration Universelle des Droits de lHomme et les accords dHelsinki. »
Le Dr Stephen C. Feinstein, professeur et Président du département dhistoire de lUniversité du Wisconsin a récemment complété une comparaison historique intitulée, lart utilisé comme propagande contre les juifs et les scientologues : Echos renouvelés du passé en Allemagne (voir La propagande Nazi).
Le Dr Feinstein a estimé que les « avalanches dattaques contre la Scientologie, ainsi que léchec des tribunaux allemands et du système politique à faire appliquer les sauvegardes constitutionnelles et les décisions judiciaires qui soutiennent lÉglise de Scientologie ainsi que les principes généraux de liberté de religion, sont peut-être symptomatiques de tendances sociales et politiques plus anciennes et plus dangereuses qui ont leurs racines dans la mentalité qui a mené au troisième Reich ».
« Le dernier grand groupe de soi-disant démons qui fut perçu comme une menace envers la société allemande, les juifs, fut exterminé, ainsi que plusieurs millions de leurs co-religionnaires dans les pays voisins », prévient Feinstein.
Bien sûr, ce fut une issue horrible. Malheureusement, les évènements actuels peuvent faire craindre un retour de lhistoire. LAllemagne va avoir besoin de quelques encouragements extérieurs pour faire en sorte que ce jamais plus dépasse le simple cadre de la rhétorique politique.
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