Fausses Statistiques, Promesses
Dénonciation du mensonge affirmant que la chlorpromazine avait vidé les hôpitaux psychiatriques
De nombreux articles et de nombreuses études déclarent que le médicament que Heinz Lehmann introduisit contribua à faire sortir les patients des institutions psychiatriques.
Mais les chercheurs, dont le Dr Joel Lexchin de l’Université de Toronto et le Dr Pierre Breggin, disent que c’est un mythe de dire que les médicaments comme la chlorpromazine ont vidé les hôpitaux psychiatriques.
Le Dr Lexchin déclare que l’Association des Fabricants Pharmaceutiques du Canada (PMAC) a utilisé des statistiques sélectivement de façon à faire croire que les médicaments avaient vidé les lits.
Une revue honnête des statistiques démontre autre chose, dit-il.
Le PMAC proclame que grâce à l’introduction de drogues telles que la chlorpromazine, on avait observé une chute de 35 pour cent du nombre de patients dans les hôpitaux psychiatriques canadiens de 1963 à 1974, déclare Lexchin. Et il écrit : « La population psychiatrique en institution est peut-être à la baisse, mais selon le Syndicat des Employés des Services Publics de l’Ontario, qui a financé une étude du système de santé mentale en Ontario, le taux de réadmission dans la province est passé de 25% en 1941 à 70% en 1971, et actuellement, les deux tiers des admissions dans les hôpitaux psychiatriques sont des réadmissions ».
En 1962, il y avait au Québec 19 730 lits psychiatriques et 16 hôpitaux psychiatriques. Aujourd’hui, il y a un peu plus de 4 000 lits disponibles. Un sondage mené par la Commission Régionale de la Santé de Montréal a recensé 12 600 sans-abri dans les rues de Montréal en 1997 et l’Institut de la Statistique du Québec a estimé que 40% de ces individus étaient « mentalement malades ».
Il existe une scène semblable aux États-Unis. Le psychiatre Loren Mosher a dit qu’en 1968, les États de New York et de Californie avaient des populations comparables. Pourtant, pendant cette année-là, New York avait 22 000 cas dans ses institutions alors que la Californie en avait seulement 5 000. La différence en nombre était due à la politique de désinstitutionalisation de l’état de Californie et non pas aux drogues psychiatriques, a dit M. Mosher.
« En 1952, la Californie a commencé à sortir les gens de ses hôpitaux psychiatriques. Par contre, même s’il possédait des drogues telles que la chlorpromazine, l’État de New York avait encore 22 000 personnes internées. Il est très clair que ces drogues n’ont pas, comme Lehmann et d’autres l’ont proclamé, vidé les hôpitaux psychiatriques », a-t-il dit.
Statistiques mises à part, l’impact tragique causé sur les individus constitue le véritable héritage du travail de Heinz Lehmann. Richer Dumais, de la Commission des Citoyens sur les Droits de l’Homme de Montréal, a déclaré qu’en fait, encore aujourd’hui, la chlorpromazine est utilisée très fréquemment au Québec. Sur les derniers six cas d’abus psychiatriques qu’il a investigués, cinq cas prenaient de la chlorpromazine. Ce traitement a ruiné leur vie.
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