« [Cette loi] va de pair avec la protection des activités religieuses normales et de la liberté individuelle de croyance et de religion. »
Cette phrase vous rappelle quelque chose ?
Et pourtant, il ne sagit pas de lune des nombreuses affirmations faussement rassurantes quaffectionnent les auteurs et les partisans de la loi dexception About-Picard.
Cette déclaration a été faite en octobre 1999 par le gouvernement chinois lors de ladoption dune loi destinée à régler le soi-disant problème de sectes. Et pour ceux qui penseraient que les Chinois se contentent de viser le mouvement bouddhiste Falungong, précisons que les mesures prises visent également les églises à domicile, des mouvement dont font partie des millions de catholiques et de protestants. En fait, depuis ladoption de la loi chinoise, le gouvernement a étiqueté 14 religions chrétiennes comme groupes diaboliques, arrêté divers membres et détruit ou fait exploser des églises.
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Des dirigeants inquiets craignent que les citoyens croyants fassent passer leur allégeance à une église ou à une assemblée avant leur soumission à lÉtat.
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Bien sûr, une loi de ce type est toujours présentée comme une nécessité pour le bien public. Elle est traditionnellement un instrument de contrôle au service de dirigeants inquiets qui craignent que les citoyens croyants fassent passer leur allégeance à une église ou à une assemblée avant leur soumission à lÉtat. Les religions que lÉtat considère comme une menace et quil désire donc interdire sont alors présentées comme une « menace à lordre public ou une menace majeure pour la personne humaine ou la sécurité de lÉtat ».
Et si vous pensiez que cette dernière citation venait de Pékin, relisez-la car cest ce qua déclaré le sénateur Nicolas About lors de sa présentation de la première incarnation du texte qui est maintenant devenu la loi About-Picard. Selon son communiqué de presse, cette loi « permet de régler des situations urgentes sans remettre en question les principes de la liberté de religion et de la liberté dassociation. »
« DÉRACINER » LES CROYANCES DÉVIANTES
La propagande chinoise regorge darguments de ce type destinés à justifier la « mise au pas » des religions dans le pays. Leur tactique la plus récente consiste à envoyer les membres de Falungong dans des camps de travail pour une transformation (traduction : véritable manipulation mentale), également connu sous le nom de lavage de cerveau soutenu par lÉtat.
Le gouvernement chinois a également créé ce que lagence de presse Xinhua, organe officiel dinformation, nomme la première association anti-secte non gouvernementale en Chine.
Ses porte-parole sont déclaré quils allaient travailler avec les pouvoirs publics pour déraciner les croyances déviantes.
On pouvait donc sattendre à voir des représentants de la lutte anti-secte française se précipiter en Chine. Les 9 et 10 novembre 2000, le Centre Contre les Manipulations Mentales (CCMM), dont Alain Vivien fut longtemps le dirigeant avant de se faire nommer à le tête de la Mission de Lutte contre les Sectes (MILS), a en effet participé à un symposium à Pékin, A. Vivien en personne étant présent à titre dobservateur.
Ainsi donc, loin de donner à la Chine quelques leçons bien méritées sur la protection des Droits de lhomme et des libertés, la France sen va observer les méthodes répressives employées Place Tien An Men.
Quant à la situation française, Le Point du 10 janvier dernier rapportait que la MILS allait maintenant surveiller « les sectes qui se propagent au sein même des religions officielles. On assiste en effet au développement de nombreux groupes de guérison ou de lutte contre le Diable constitués autour dun leader charismatique qui, à la différence des gourous, se réfère à la Bible, au Coran ou au Talmud pour assurer son emprise...»
La distinction entre Paris et Pékin devient décidément bien difficile à faire.
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