« Mais les risques de dérapage sont graves. [...] Dans un État laïque qui ne reconnaît aucun culte, où passe la frontière entre le groupe religieusement correct et la secte ? Si la société française tolère les pratiques ascétiques de la vie cloîtrée jeûne, levers nocturnes, retraites fermées, pauvreté, chasteté et obéissance absolues au nom de quoi les interdire à dautres associations ? »
Le Monde, 30 juin.
« Une jeune fille qui a choisi de vivre coupée du monde, qui a laissé ses biens, quitté ses vêtements, coupé ses cheveux, qui obéit sans murmurer, travaille parfois durement sans toucher aucun salaire et qui se lève plusieurs fois par nuit pour réciter des formules apprises par cœur nest-elle pas susceptible dêtre considérée un jour, par un juge, comme la victime dune entreprise de manipulation mentale ? Cest ainsi, pourtant, que vivent les carmélites. » [...]
« Les représentants des catholiques, des protestants, des juifs et des musulmans ont des arguments qui ne peuvent pas être écartés dun revers de main. Tous sinquiètent des dérives possibles de cette loi dexception sans équivalent dans le monde. »
Editorial, Le Figaro, 23 juin.
« [La proposition de loi] attaque le cœur du droit à la liberté dassociation, dexpression, de religion et de conscience. »
Aaron Rhodes, Président, Fédération internationale dHelsinki, Vienne, juin 2000.
« Où est la limite entre le discours convaincu, le sermon ardent et la manipulation mentale ? En réalité, derrière la lutte contre les sectes, cest lensemble des courants religieux qui doit se sentir menacé. Jattends que lon définisse précisément ce quest la manipulation mentale. Est-ce que moi-même je ne peux pas être un jour suspecté ? »
Pasteur Jean-Arnold de Clermont, Président de la Fédération Protestante de France. La Croix, 22 juin.
« Si lon introduit dans le code pénal ce type de disposition, quest-ce qui va faire la différence entre direction spirituelle et manipulation mentale ? Je crains que la nécessaire lutte anti-secte devienne, dans lesprit de certains, la fusée porteuse de la lutte anti-religieuse. »
Monseigneur Jean Vernette, Délégué de lépiscopat français pour la question des sectes.
La Croix, 22 juin.
La Garde des Sceaux, Élisabeth Guigou, avait souhaité, le 22 juin, une « réflexion complémentaire », associant la Ligue des Droits de lHomme (LDH) et la Commission Nationale Consultative des Droits de lHomme (CNCDH).
Le Monde, 16 septembre.
« Les exercices spirituels de Saint-Ignace ne seraient-ils pas une forme de manipulation mentale ? Pour moi, en tant que jésuite, je considère ces exercices spirituels comme un accompagnement au service de la personne. Mais pour quelquun dautre, cette pratique peut être interprétée exactement dans le sens inverse. »
Père Laurent Fabre, Supérieur général de la Communauté du Chemin Neuf. La Croix, 22 juin.
« Ce nest pas par des mesures répressives que nous avancerons, ni par un soupçon généralisé sur tout le religieux. »
Michel Bertrand, Président du Conseil National de lÉglise Réformée de France. The Independant (Grande-Bretagne), 24 juin.
« Vouloir endiguer le sectarisme par le harcèlement judiciaire [...] semble pusillanime, et hasardeux quand cela touche aux libertés dassociations, chèrement acquises. Quant à psychiatriser des pathologies sectaires, cest attribuer une expertise à des militants partiaux (malgré leurs diplômes médicaux et leur civisme péremptoire. »
Denis Duclos, sociologue, Directeur de Recherches au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), à Paris.
Le Monde diplomatique, août 2000.
« [Le réseau Voltaire] souligne que le concept de manipulation mentale est dordre subjectif et ne peut être usité dans le droit républicain. Par le passé, cette qualification pénale na été utilisée dans aucune démocratie, à lexception de lItalie des années de plomb avec des conséquences politiques désastreuses. »
Réforme, 29 juin au 5 juillet 2000.
« Certaines des mesures de la proposition de loi évoquent avec insistance linfamie de la Révocation de lÉdit de Nantes, qui dépouilla les protestants français de leurs droits civiques et dénonça leur foi comme une fausse religion. Cest exactement de la même façon que les religions minoritaires daujourdhui sont stigmatisées comme sectes. Il ny a jamais de fondement rationnel à la discrimination, ni aujourdhui, ni il y a 60 ans, ni en 1685. »
Heber Jentzsch, Président de lÉglise de Scientologie Internationale, devant les membres du Congrès américain le 13 juillet.
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