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Les représentants des principaux cultes se sont exprimés à plusieurs reprises contre la« loi de dissolution » qui doit être votée au mois de mai prochain par le Sénat et lAssemblée nationale.
ous allons vers une législation dexception qui nous paraît dangereuse pour la liberté de conscience et qui menace la liberté dêtre différent » a expliqué le pasteur Jean Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France, La Croix, 8/11/00.
Il sest également insurgé contre le délit de manipulation mentale, disposition qui, contrairement à ce que proclament les auteurs de la loi, na nullement été retirée du projet, mais déplacée dans un article du Code pénal et rebaptisée (voir encadré « Manipulation mentale » : la supercherie) : « Linfraction est définie par le projet de loi par la mise en dépendance psychique dautrui. Quest-ce à dire ? Tout discours religieux peut alors être dénoncé comme une manipulation mentale », La Croix, 8/11/00.
« Où est la limite entre le discours convaincu, le sermon ardent et la manipulation mentale ? En réalité, derrière la lutte contre les sectes, cest lensemble des courants religieux qui doit se sentir menacé. Jattends que lon définisse précisément ce quest la manipulation mentale. Est-ce que moi-même je ne peux pas être un jour suspecté ? » La Croix, 22/06/00.
Joseph Sitruk, grand rabbin de France a déclaré : « Tout orateur ayant un ascendant naturel sur son auditoire pourrait être accusé de manipulation mentale », et dailleurs « tout discours religieux tend à convaincre ceux auxquels il sadresse », Libération, 25/01/01.
Le porte-parole de lépiscopat, le père Stanislas Lalanne, a déclaré : « Le délit de manipulation mentale est tellement flou quil risque dentraîner des débordements incontrôlés » Le Monde, 16/09/00.
Monseigneur Jean Vernette, représentant de la conférence des évêques de France, faisant référence à certaines règles monastiques (clôture, jeûne, vux dobéissance, de pauvreté, de chasteté) a mis en garde les sénateurs en déclarant que « si ces règles nétaient pas aujourdhui assimilées à des manipulations, le sentiment à ce sujet pouvait changer ».
Mgr Vernette, na pas hésité à remettre en cause les dispositions de la loi permettant une dissolution rapide fondée sur deux condamnations pénales : « Qui va décider que la qualification pénale est applicable ? Va-t-on remettre les religions à lexpertise des médecins et des psychiatres, ou bien le juge devra-t-il se fonder seul, en son intime conviction ? » La Croix, 8/11/00.
« Je crains que la nécessaire lutte anti-secte devienne, dans lesprit de certains, la fusée porteuse de la lutte anti-religieuse ». La Croix, 22/06/00.
En octobre dernier, les représentants des principaux cultes ont été reçus par le cabinet du premier ministre Lionel Jospin et ils ont tous, à cette occasion, exprimé leurs craintes et leur opposition à la loi de dissolution anti-religieuse.
Le 8 novembre, devant les membres de la Commission des lois du Sénat, les représentants des principaux cultes ont renouvelé leurs critiques sur cette proposition. Estimant suffisant larsenal juridique actuel pour prévenir et réprimer les délits sectaires ils ont mis en garde les sénateurs contre les risques créés par la notion de manipulation mentale quils ont qualifiées « dimprécise » et de « dangereuse » Le Monde, 10/11/00.
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