Des milliers de personnes dénoncent une répression institutionnalisée de la liberté de conscience.
lus de 8 000 personnes de diverses confessions (scientologues, chrétiens, hindous, musulmans, entre autres), parmi lesquelles des artistes mondialement connus et déminents défenseurs des Droits de lHomme, se sont réunis place de la Bastille le 23 octobre dernier pour défendre les Droits de lHomme. La manifestation, coordonnée par le Comité Français des Scientologues contre la Discrimination (CFSD), avait pour objectif de dénoncer les tentatives de répression des libertés de conscience, de parole, dassociation et de religion par les pouvoirs publics français.
Le rassemblement de la Bastille eut lieu juste après la fin dun marathon de 2 000 km pour les Droits de lHomme à travers la France, organisé par la branche Droits de lHomme de lÉglise de Scientologie Internationale. Quatorze athlètes venant de France, dAllemagne, du Canada, des États-Unis et dIsraël sont partis du Palais Royal de Bruxelles le 19 septembre pour un tour de France qui se terminait le 23 octobre (voir carte).
À chaque étape, les coureurs informaient les citoyens des tentatives actuelles dune poignée de politiciens extrémistes pour réduire les libertés et les sensibilisaient aux droits garantis par la Constitution française, la Déclaration des Droits de lHomme de 1789 et la Déclaration universelle de 1958. Des milliers de Français, ainsi que de très nombreux représentants locaux, ont apporté leur soutien à cette action et signé une pétition qui réclame à lONU une enquête sur la discrimination religieuse en France.
Liberté dexpression refusée, manifestation interdite
Le besoin dun message fort pour les Droits de lHomme ne sétait jamais fait aussi cruellement sentir. Mais par une sinistre ironie, la veille du rassemblement prévu à la Bastille, la Préfecture de Paris décida dinterdire la marche de la Bastille à la République. Les organisateurs avaient proposé cet itinéraire après lannulation par le préfet, quelques jours auparavant, de lautorisation du précédent trajet.
Les représentants du CFSD et dautres associations protestèrent contre cette violation flagrante des libertés civiques, que le président du CFSD décrivit comme « une répression préméditée dont lobjectif est de harceler des citoyens français et de leur dénier leurs droits constitutionnels de liberté dassociation et de liberté dexpression, uniquement à cause de leur religion ». Une plainte a été déposée devant le tribunal administratif pour abus de pouvoir.
Selon une dépêche dAssociated Press, le révérend John Carmichael, responsable des relations interreligieuses pour lÉglise de Scientologie, a déclaré : « Il est déjà assez grave que le gouvernement français agisse contre les minorités religieuses. Maintenant ils essaient de nous empêcher de nous faire entendre. Mais on ne nous fera pas taire. »
Des stars prennent la parole
Lors dune conférence de presse tenue dans un restaurant de la place de la Bastille, les musiciens Isaac Hayes et Doug Fresh, et les actrices Kirstie Alley et Anne Archer, qui sétaient spécialement déplacés pour cet événement, sélevèrent contre les violations de droits démocratiques fondamentaux. Ils signèrent également une « Déclaration pour la liberté spirituelle et personnelle » (voir cet article), qui condamne la répression de la liberté religieuse et dautres libertés fondamentales en France.
Plusieurs milliers de personnes venues de France et dEurope se rassemblèrent pacifiquement place de la Bastille, devant le restaurant.
Kirstie Alley déclara : « Notre liberté de pensée est menacée, nous devons nous assurer que les droits civiques, moraux et religieux continueront à être respectés dans ce grand pays, car ils sont inestimables pour les artistes du monde entier. »
Isaac Hayes ajouta : « Si la religion est visée aujourdhui, qui sera visé demain ? Je le dis à la France : mettez en pratique ce que vous prêchez et respectez votre Constitution. Vous êtes déjà passés par là, et vous savez ce que cela représente. Soyez honnêtes. Ouvrez les yeux. »
« Couronnes mortuaires »
Des couronnes mortuaires furent symboliquement déposées devant certains bâtiments officiels par des délégations « en mémoire de la Constitution française », en signe de deuil pour la « mort des Droits de lHomme en France ».
On put ainsi assister à une scène comique Place de la Bastille, lorsquune couronne de près de deux mètres de haut attira un essaim de photographes de presse. Un policier furieux attrapa à la fois la couronne et la jeune femme qui la portait, ayant manifestement lintention de lui dresser une contravention. On négocia la libération de la jeune femme, mais la couronne du scandale eut moins de chance et fut jetée à larrière de la voiture de police.
Faire taire ceux qui dénoncent les abus
Les scientologues ont la réputation bien établie de savoir organiser, et ce depuis plus de vingt ans, des manifestations pacifiques, des marches et des concerts avec des milliers de personnes, sans aucun trouble à lordre public, que ce soit à Strasbourg, Milan, Berlin, Francfort, Hambourg, Athènes ou dans de grandes villes américaines. Cependant, le préfet lâcha plus de 300 policiers anti-émeutes pour diriger la foule vers le métro. Les manifestants se déportèrent alors vers un parc privé situé à Vincennes. Là aussi, les pouvoirs publics avaient voulu intervenir : le matin même, un fonctionnaire du bureau du préfet sétait rendu sur place pour tenter de convaincre le propriétaire des lieux dannuler le contrat, mais sans succès.
Lutilisation de la police anti-émeutes à la Bastille fut considérée par les observateurs comme une tentative flagrante de créer dans lopinion publique une image négative des mouvements présents. Le déploiement de cette force répressive confirme de façon éclatante la légitimité de la manifestation, en montrant queffectivement les droits et les libertés sont menacés en France et que lon cherche avant tout à faire taire ceux qui dénoncent ces abus.
Des mesures répressives et discriminatoires
Aux yeux des organisations internationales des Droits de lHomme, le gouvernement français apparaît maintenant comme le plus extrémiste et le plus répressif dEurope occidentale envers la liberté de religion. Quinze membres de lassemblée parlementaire du Conseil de lEurope ont proposé une résolution appelant le gouvernement français à respecter les Droits de lHomme et à ouvrir une enquête suite aux rapports de discrimination religieuse.
Une pétition signée par 40 religions minoritaires a également été déposée auprès du président de lAssemblée du Conseil de lEurope, demandant laide du Conseil pour mettre en échec une loi répressive discutée actuellement au Sénat. Le 3 octobre, le Comité des relations internationales de la Chambre des représentants américaine votait à lunanimité une résolution critiquant la France pour son intolérance envers un large éventail de minorités religieuses (voir cet article).
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