TITRE PERSONNEL, Monsieur Denis Barthélémy a parfaitement le droit de défendre
les points de vue les plus fantaisistes. Mais cest en tant que
secrétaire général dune structure interministérielle française
digne de lInquisition (la MILS) qui, sous la férule dAlain Vivien,
Jacques Guyard et consorts, sattaque à la liberté de croyance,
que D. Barthélémy sest exprimé le 22 mars dernier. Il sest adressé
à 320 délégués de gouvernements et dassociations de défense de
droits de lhomme européens réunis à Vienne ; cest donc notre
image nationale qui a souffert.
D. Barthélémy répondait aux nombreux participants à la conférence
organisée par lOSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération
en Europe), qui avaient exprimé leur inquiétude devant lattitude
de la France et son blocage de tout dialogue par le choix de mesures
hostiles et discriminatoires à lencontre des minorités religieuses.
Le problème, selon D. Barthélémy, cest que toutes les attaques
contre la France émanant de représentants des gouvernements étrangers
ou dorganisations internationales « peuvent être interprétées
comme émanant » de lÉglise de Scientologie française ou des Témoins
de Jéhovah.
Un des orateurs a résumé la réaction des assistants dans un commentaire
poli, décrivant le discours de D. Barthélémy comme « une déclaration
faite sous le coup de lémotion frisant par moments lhystérie ».
Selon un autre participant, « la France a remporté le prix du
pays le plus hystérique et le plus paranoïaque ».
Avant léclat de D. Barthélémy, un large consensus sétait établi
sur la nécessité douvrir le dialogue. La Commission avait proposé
une déclaration de principe engageant à « un dialogue renforcé »,
« essentiel
à lobjectif qui nous est commun, la promotion dune
tolérance et dune compréhension plus grandes ».
Même le chef de la délégation allemande, le Dr Rudolph Schmidt,
parlait dune prise de conscience de plus en plus nette des liens
entre le dialogue religieux ou son absence et la prévention
des conflits, qui est lune des fonctions essentielles de cet
organisme (lOSCE) ».
Le principal catalyseur qui a conduit à la réaction de D. Barthélémy
a été un rapport présenté à la conférence par la Fédération Internationale dHelsinki pour les droits de lhomme (FIH).
Le rapport de la Fédération dHelsinki mettait en cause la nomination
dune figure de proue du mouvement anti-sectes comme Alain Vivien,
à la tête de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS), dont D. Barthélémy est le secrétaire général. « Alors que dautres rapports à létranger (comme le rapport parlementaire
suédois ou le rapport du canton du Tessin) recommandent le dialogue
avec les prétendues « sectes », la France a choisi la confrontation
ouverte », écrit la FIH.
« Alors que dautres rapports à létranger [
] recommandent le
dialogue avec les prétendues « sectes », la France a choisi la
confrontation ouverte ».
Rapport de la Fédération Internationale dHelsinki (FIH) pour
les droits de lhomme |
Qui plus est, afin dinsister sur lintolérance religieuse concrète
encouragée par Vivien et sa petite clique politicienne, le rapport
de la FIH ajoute : « Cette attitude a engendré des articles de presse calomnieux,
des pertes demploi, de la discrimination religieuse de la part
des autorités françaises, et la montée de lintolérance de la
société civile à légard de gens ordinaires à cause de leurs croyances
religieuses personnelles. »
Selon le Dr Massimo Introvigne, président du CESNUR, Centre détudes sur
les Nouvelles Religions, établi à Turin : « Plus que nimporte quelle analyse sociologique, la réponse quelque
peu extraordinaire de D. Barthélémy lors de la conférence de lOSCE
démontre à lévidence lintolérance qui prédomine actuellement
en France, particulièrement au sein de la MILS. Non seulement
la théorie paranoïaque de linfiltration, qui voit en tout critique
un scientologue ou un adepte dune secte semble y avoir remplacé
toute approche rationnelle du sujet, mais une idéologie de la
laïcité datant du XIXe siècle et hostile à la religion en général est présentée dans
un forum international comme la position officielle française
sur la liberté de religion. »
Tout naturellement, la conférence de lOSCE nest que lune des
occasions où la réputation de la France sest trouvée mise à mal
en raison des violations des droits de lhomme prônées par Vivien.
Le département dÉtat américain condamne la France
Le rapport annuel sur les droits de lhomme du Département dÉtat
américain, publié en février dernier, exprime des inquiétudes
similaires :
« Même dans certains pays qui affirment respecter la liberté de
religion, les abus se sont poursuivis. ... En dépit de leur adhésion
aux principes de la liberté de religion, plusieurs pays européens
ont commencé de façon similaire à [engager] des actions injustement
discriminatoires contre les croyances nouvelles ou minoritaires. »
Faisant référence à linfluence des conclusions de la Commission Guyard la Commission denquête parlementaire sur les sectes portant
le nom de son rapporteur, Jacques Guyard, qui a précédé la MILS,
le département dÉtat relève : « Le rapport a été préparé sans procéder à des entrevues complètes
et exhaustives avec les groupes identifiés sur cette liste. La
publicité qui a suivi a contribué à créer une atmosphère dintolérance
et à développer des préjugés contre les religions minoritaires.
»
Le fait que Vivien et Guyard figurent aujourdhui parmi les dirigeants
de la MILS sous lautorité du Premier ministre est la preuve flagrante
que les attaques contre la liberté de religion en France sont
luvre dun front extrémiste malheureusement chargé de fonctions
officielles.
Le Département dÉtat décrit le harcèlement subi en France par
les Témoins de Jéhovah comme un exemple spécifique de discrimination
religieuse, en violation des engagements pris par le gouvernement
français dans le cadre des conventions internationales sur les
droits de lhomme.
« Bien que les accords internationaux sur les droits de lhomme
interdisent la discrimination fondée sur la religion ou les croyances,
le gouvernement [français] a utilisé cette distinction pour établir
que certains groupes ne qualifient pas comme associations religieuses
vis-à-vis du fisc. »
Prenant note que le gouvernement a entamé, en 1996, une procédure
en vue de percevoir une taxe commerciale de 60 pour cent sur toutes
les donations reçues par les Témoins de Jéhovah entre septembre
1992 et août 1996, le Département dÉtat souligne que ce montant
sélève à plus de 50 millions de dollars (plus de 300 millions
de francs).
Dans son rapport de 1998, la Fédération Internationale dHelsinki
indiquait que « Les Témoins de Jéhovah ont été soumis à une étude particulièrement
minutieuse » et que leur « gestion fiscale a été examinée avec une intensité qui a tout
du harcèlement ».
Les Français nont pas besoin dorganisations internationales
pour leur rappeler que la discrimination pour motifs religieux
est tout aussi déplorable et inacceptable dans une démocratie
moderne que la discrimination liée à dautres caractéristiques
individuelles. Mais il semble quil faille le répéter à certains
de nos hommes politiques. Il ne suffit pas de condamner la discrimination.
Tout ceux qui tiennent à la liberté doivent faire entendre leur
voix et insister sur le respect, pour tous sans distinction, de
légalité et des droits de lhomme valeurs qui sont censées
encore exister en France.