Derrière la TERREUR
Attribuer le terrorisme à des « raisons religieuses » conduit à une impasse, empêchant toute compréhension et par là même toute solution.
Quelles terrifiantes manipulations peuvent-elles conduire des êtres humains à commettre les actes inhumains que sont les attentats et les attentats-suicides ?
Plusieurs mois après les attentats du 11 septembre 2001, lactualité internationale continue à tourner autour du terrorisme mondial et des réactions des démocraties occidentales.
Si les Français ont des opinions divergentes sur lattitude à adopter, ils partagent le même sentiment dhorreur.
Lattribution rapide des attentats à des « musulmans fanatiques » et la sinistre publicité faite autour des déclarations dOussama Ben Laden ont permis de conclure facilement à des motifs « religieux ». Le besoin de donner un sens à un mal aussi absolu a conduit à accepter cette explication largement diffusée après les attentats.
Après tout, les assassins eux-mêmes présentent leurs motifs et leurs actes comme une « guerre sainte ». Et les terroristes se réclament de lislam.
Bien sûr, des différences de croyances peuvent créer des tensions entre les peuples, mais lhistoire nous montre trop souvent que dautres facteurs politiques, économiques, ethniques sont à lorigine de trop de guerres et dinsurrections. Attribuer la responsabilité du terrorisme à la seule religion est beaucoup trop simpliste.
Une nouvelle escalade dans le mal
Quelles que soient les motivations des terroristes, la volonté délibérée de tuer sans distinction hommes, femmes et enfants innocents marque une nouvelle escalade dans le mal.
Depuis trente ans, cette forme de violence terroriste sest considérablement développée.
Quelque chose nous échappe. Car en arriver à de tels extrêmes au nom dune idéologie, dune religion, dune nation, à cette escalade de linhumanité de lhomme envers lhomme, est une situation nouvelle et troublante.
« Le cerveau et le corps »
De nouvelles informations permettent de mieux comprendre comment on crée des terroristes, expliquant la transformation de croyants convaincus en tueurs violents.
Le passé terroriste dAl Zawahiri est bien plus riche et impressionnant que celui de Ben Laden. Selon Diaa Rashwan, spécialiste égyptien des militants islamistes, le nom dAl Zawahiri « est cité dans pratiquement toutes les affaires [de terrorisme] impliquant des groupes musulmans depuis 1970 »(1).
Selon certaines sources, il serait le cerveau des attentats du 11 septembre, une conviction renforcée par la diffusion en avril dernier sur les ondes de la télévision Al Jazira dune cassette où Al Zawahiri revendique la responsabilité des attentats. Sur cette vidéo, Ben Laden est assis près du docteur et marmonne tout en caressant sa barbe.
Cest Al Zawahiri, entraîné au Caire, qui a convaincu Ben Laden de créer Al Qaida(2), constituant ainsi la base dentraînement, de soutien logistique et dopérations pour les militants dÉgypte et dailleurs.
Selon lavocat Montasser El Zayat, ancien ami dAl Zawahiri, qui la représenté devant les tribunaux égyptiens, Al Zawahiri est à Ben Laden « ce que le cerveau est au corps »(3)
Selon El Zayat, Al Zawahiri « a réussi à remodeler la façon de penser et la mentalité de Ben Laden et à transformer un simple soutien à la résistance afghane [contre lUnion soviétique] en un partisan acharné et en promoteur de lidéologie de la Jihad »(4).
On ne connaît pas encore les méthodes précises utilisées par Al Zawahiri pour influencer Ben Laden, mais selon plusieurs sources le médecin est également psychiatre.
Il nest donc pas surprenant que Ben Laden prenne des drogues psychiatriques (« des pilules anti-anxiété »).(5)
Al Zawahiri est également un avocat de la violence « purificatrice » qui doit être employée comme arme contre les « ennemis » de lislam.(6)
Il a appelé à « déclencher la jihad pour nuire aux intérêts américains et juifs », quil considère comme les premiers de ces ennemis.
Il est clair que Ben Laden en est venu petit à petit à partager les vues de son médecin.
Des techniques sophistiquées de contrôle mental
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Cest Al Zawahiri, entraîné au Caire, qui a convaincu Ben Laden de créer Al Qaida, constituant ainsi la base dentraînement, de soutien logistique et dopérations pour les militants dEgypte et dailleurs.
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« Le terrorisme politique fait lobjet de lattention générale depuis un bon moment, mais presque rien na filtré sur la façon dont les médecins utilisent leurs connaissances et leurs compétences pour le soutenir », écrit Gordon Thomas, vétéran des affaires étrangères, correspondant et producteur à la BBC, dans son livre Voyage dans la folie.
«Au cours de mes recherches précédentes, rien ne mavait préparé à cette sinistre réalité : des médecins qui cherchent délibérément à détruire le cerveau que leur formation les a préparés à soigner », écrit G. Thomas, auteur dune vingtaine douvrages.
G. Thomas explique clairement comment des chirurgiens psychiatriques, des psychiatres, des psychologues, se sont mis au service du terrorisme, quil soit politique, religieux ou vise simplement à créer la terreur.
Selon lui, on commence seulement à discerner à quel point les méthodes psychiatriques ont pénétré et influencé les réseaux terroristes actuels, en même temps quapparaissent au grand jour les motivations politiques et ethniques qui sont à lorigine de conflits dits « religieux ».
Un examen attentif de la mouvance terroriste révèle que des psychiatres comme Ayman Al Zawahiri utilisent les instruments de leur profession pour modifier le comportement humain, principalement grâce aux drogues et au conditionnement psychologique.
Ces techniques sont utilisées depuis longtemps. En 1984, Aziz Al Abub, psychiatre et terroriste, membre du Hezbollah iranien, tortura sans pitié pendant 444 jours le chef de lantenne de la CIA à Beyrouth, Bill Buckley, et finit par le tuer. Aziz Al Abub, connu aussi sous le nom dIbrahim al-Nadhir, injectait quotidiennement des drogues à Buckley, le brisant jusquau point où, selon la description de Gordon Thomas : « Il était pratiquement réduit à létat dépave.
Ses mots étaient souvent incohérents ; il sanglotait et radotait et, plus effrayant encore, il se mettait soudain à hurler de terreur, les yeux fous et tremblant de tout son corps ».
La torture de Buckley par Al Abub montre à quel point les maîtres de la terreur contrôlaient déjà, il y a presque 20 ans, les techniques capables de modifier profondément le comportement dune personne et de détruire sa raison et quils étaient prêts à les utiliser.
Vient ensuite le chef idéologique et responsable de lentraînement dAl Qaida, Ali A. Mohamed, psychologue et officier égyptien.
Depuis la fin des années 80, il apprend aux recrues à construire des bombes, à faire sauter des immeubles, à utiliser des codes pour communiquer, à se faire passer pour des Américains « normaux », et (selon ses propres termes) à « créer des structures de cellules qui pourraient être utilisées pour des opérations ».
Ces troupes endoctrinées par Mohamed ont réalisé quelques-unes des opérations les plus célèbres dAl Qaida, comme lassassinat du rabbin Meir Kahane en 1990 et lattentat à la bombe contre le World Trade Center en 1993. (Mohamed est aujourdhui en attente de jugement à New York, après avoir plaidé coupable pour son rôle dans les attentats de 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, qui firent 224 morts et des milliers de blessés.)
(1) Douglas Jehl, « Un Egyptien apparaît comme le bras droit et le successeur de Ben Laden, » New York Times 23/09/2001 ; Hamza Hendawi, «Un chirurgien égyptien serait le cerveau de lorganisation Ben Laden», Associated Press, 20/09/2001.
(2) « La Connection afghane, » Moneyclips, 14 /04/1994.
(3) Vernon Loeb, « Les Etats-Unis visent Ben Laden, 2 proches collaborateurs également soupçonnés, » Washington Post, 3/07/2000.
(4) Ibid.
(5) Christina Lamb, « Jai rencontré les chefs Taliban, » Sunday Telegraph (Londres), 10/02/2002.
(6) Vernon Loeb, « Les Etats-Unis visent Ben Laden, 2 proches collaborateurs également soupçonnés, » Washington Post, 3/07/2000.
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