LE VRAI VISAGE DE LEXTREMISME
Les pouvoirs publics financent une guerre secrète contre certains citoyens. COÛT : 1,5 MILLION DEUROS
Rappelez-vous : le 1er mai dernier, ils étaient tous là, dans les rues noires de monde, venus pour défendre les valeurs de la démocratie et dire leur attachement aux libertés. Une grande foule multicolore, joyeuse et déterminée, « black, blanc, beur » pour reprendre une expression imagée, unie dans son refus de lextrémisme sous toutes ses formes.
La liberté de pensée, le droit à la diversité des expressions et des convictions étaient au cur de cette mobilisation générale, sans distinction dâge ni de classe sociale. Les campagnes dexclusion contre les membres des minorités religieuses, ethniques ou raciales nont plus leur place dans cette France multi-culturelle dont tous se réclament.
La menace extrémiste a suffi à mobiliser des millions délecteurs, amenant un changement radical dans le climat politique et le résultat des élections.
Depuis, nous avons entendu les promesses répétées des autorités de lutter contre la montée de lextrémisme. Non sans hypocrisie cependant, puisque lEtat continue à soutenir avec largent des contribuables des groupes qui encouragent notoirement lexclusion de certaines catégories de citoyens français.
De nouveaux documents obtenus en application de la loi daccès aux documents administratifs révèlent que ces fonds se sont élevés pour la seule année 2000 à 10 millions de francs (1,5 million deuros).
VIOLATION DE LA LAÏCITE
Ces subventions représentent environ 85 % du financement de deux associations « privées » : la prétendue « Association de Défense de la Famille et de lIndividu » (ADFI) et le « Centre Contre les Manipulations Mentales » (CCMM), dont lhistoire saccompagne de la destruction de carrières, de familles et de la vie de personnes à cause de leurs convictions religieuses ou philosophiques.
La source de cette manne au niveau national est la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes (MILS), présidée par lex-député Alain Vivien, auquel on pourrait attribuer le titre de « McCarthy français » pour ses campagnes de propagande et dintolérance contre les nouveaux mouvements religieux. A. Vivien et la MILS prennent bien garde de ne pas agir trop ostensiblement dans ce domaine. Ils préfèrent mettre lADFI et le CCMM en avant, préservant ainsi la fiction dun Etat fidèle à son obligation de neutralité.
De plus, A. Vivien et la MILS ont aussi veillé à faire voter lan dernier une loi donnant à lADFI et au CCMM le droit de se porter parties civiles lors de procès contre des nouveaux mouvements religieux, même en labsence de toute plainte. A travers ces groupes activistes, les pouvoirs publics peuvent ainsi poursuivre des mouvements devant les tribunaux, utilisant la justice comme un autre moyen de répression, en violation directe du principe fondamental de neutralité.
NÉE DE LINTOLÉRANCE
La MILS fut instituée en 1998 dans la droite ligne de la commission parlementaire de 1996, elle-même créée à linstigation dun petit groupe de politiciens jusquau-boutistes.
La nomination dAlain Vivien à la tête de la MILS ne doit rien au hasard : il est passé directement de la présidence du CCMM à ce poste.
Le CCMM a été fondé par un démagogue intolérant, Roger Ikor, qui ne faisait pas mystère des ses positions :
...........................
En 2000, le bilan de lUNADFI révèle que les cotisations de ses membres représentaient 19 884 francs sur de ressources globales de plus de 2 700 000 francs.
...........................
|
|
« Si nous nous écoutions, nous mettrions fin à toutes ces billevesées, celles des sectes, mais aussi celles des grandes religions. »
Il exhortait : « On ira f... la m... dans ces antres de mort que sont les sectes. Flanquer en lair les restaurants macrobiotiques, les centres Krishna et autres. » Le centre, également connu en tant que Centre Roger Ikor, est apparemment resté fidèle à la philosophie marginale de son fondateur
Les débuts de lADFI ne sont pas moins extrêmes et elle sest trouvée mêlée à plusieurs cas de violence à lissue parfois tragique.
Selon une enquête de police, des menaces de mort reçues par deux membres dun nouveau mouvement religieux dAngers émaneraient du fondateur et ancien président de lADFI Angers ; celui-ci devrait prochainement passer en jugement.
A Lyon, un membre de lADFI fut condamné en 1995 à six ans de prison pour le meurtre avec préméditation du président dune association que lADFI avait qualifiée de « secte UFO » et étiquetée comme « suspecte ».
On ne compte plus les cas de familles déchirées et de personnes soupçonnées à tort dappartenir à un nouveau mouvement religieux, perdant leur travail ou, dans un cas connu, poussé au suicide par les rumeurs sournoises entretenues par ces groupes militants.
UN EXTRÉMISME FINANCÉ PAR LÉTAT
Des documents officiels expliquent pourquoi ces groupes ne sont rien dautre que les rouages dune machine officielle dexclusion de certains citoyens en violation de la Constitution.
La véritable histoire de lADFI, supposée être un « mouvement populaire », cest quelle ne survit que grâce aux fonds publics. Pour la seule année 2000, lUnion Nationale des ADFI a récupéré la somme faramineuse de 2 721 599,93 francs de subventions au niveau national, soit 84 % de ses ressources.
Même le Ministère de lAgriculture a été mis à contribution. Selon les comptes de lUNADFI pour 2000, les cotisations de ses membres se sont élevées cette année-là en tout et pour tout à 19 884 francs même pas de quoi payer la moitié des cotisations dues sur les salaires (1,24 million de francs) versés à leurs neuf employés.
La situation nétait pas très différente en 1999. Le bilan de lUNADFI révèle que les cotisations des membres représentaient 21 168 francs sur des ressources globales de plus de 1 900 000 francs. La différence est presque entièrement constituée de subventions de différents ministères. Sans compter les subventions accordées aux antennes régionales de lADFI par les autorités locales.
Ainsi donc, paradoxalement, la seule caractéristique publique de lADFI est dêtre financée grâce aux impôts sur lesquels les gens nont pas leur mot à dire.
Le tableau est similaire au CCMM. Les comptes du « Centre Roger Ikor » révèlent 1 360 000 Francs de subventions publiques prévisionnelles en 2000, contre 1 150 900 en 1999. Ce chiffre est à comparer aux 87 435 francs reçus au titre des cotisations.
Ce groupe privé censé agir dans lintérêt général et à la demande des citoyens trahit lui aussi sa véritable nature.
De plus, les subventions au CCMM ne comprennent pas les 4,5 millions de francs (686 020 euros) obtenus du Chef de Cabinet du Premier ministre Lionel Jospin par Mme Casano-Vivien (la femme dAlain Vivien, alors présidente du CCMM) pour financer le nouveau siège du CCMM. Ce montant lui a été alloué en février 2001 sur la ligne budgétaire de « défense des droits de lhomme » (sic). Tout cela aux frais du contribuable.
Il faut encore ajouter à tout cela le budget de 6 millions de francs de la MILS elle-même, qui à son tour apporte son soutien à lADFI et au CCMM.
Cest ainsi que lÉtat finance un « maccarthysme à la française » contre un certain nombre de contribuables, qui nont dautre choix que de soutenir un ennemi déclaré de leurs droits et de leurs libertés.
|