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uatre pays européens, dont la France, ont joué les vedettes involontaires le 14 juin dernier lors dune audience spéciale sur le thème peu banal du traitement réservé aux minorités religieuses dans les pays dEurope de lOuest. Ils se sont en effet retrouvés sur la sellette devant la Commission des Relations Internationales du Congrès américain, lun des plus puissants organes pour les affaires étrangères au niveau international.
Laudience sest concentrée sur la France, lAllemagne, lAutriche et la Belgique, quatre pays dEurope occidentale bien connus des organisations internationales pour leurs violations délibérées des conventions internationales sur les Droits de lHomme.
« Bien évidemment, croire, exprimer sa croyance ou sa foi en public comme en privé, nest pas interdit en tant que tel par les lois des pays européens », a expliqué le député Benjamin Gilman, Président de la Commission, devant une salle comble où se côtoyaient membres du Congrès, orateurs, observateurs et représentants de la presse.
« Pourtant, dans la pratique, montrer son appartenance à une minorité religieuse est souvent le prélude à la discrimination ». De nombreux exemples ont été cités, allant de la perte demploi au refus de scolarisation, en passant par des retraits du droit de garde des enfants ou des refus dadoption.
Monsieur Gilman a démontré comment la discrimination religieuse, au lieu dêtre découragée, était au contraire encouragée dans un certain nombre de cas ; par exemple, à travers la compilation et la diffusion par certains gouvernements de listes de soi-disant sectes, alors que les traités internationaux sur les Droits de lHomme font obligation de soutenir la tolérance en matière de religion.
« Nous recevons des plaintes régulières, fréquentes et insistantes sur ces problèmes, provenant en particulier de France, dAllemagne, dAutriche et de Belgique. »
Inquiétude sur la discrimination en France
Le Président Gilman a tout spécialement mentionné les observations de lambassadeur Félix Rohatyn, selon lesquelles les actions entreprises par le gouvernement français à lencontre des minorités religieuses « contreviennent aux engagements internationaux pris par la France en matière de Droits de lHomme, alors que la tradition française est de longue date celle du respect du droit et de la liberté de culte. »
Monsieur Robert Seiple, ambassadeur spécial des États-Unis pour la Liberté de religion, a témoigné devant la Commission de lexistence dune discrimination religieuse en France et dans les trois autres pays à lordre du jour.
Monsieur Seiple a cité à titre dexemple les manuvres discriminatoires engagées contre lInstitut de Théologie de Nîmes, collège biblique privé fondé en 1989, lÉglise de Scientologie et les Témoins de Jéhovah.
Monsieur Seiple a également exprimé son inquiétude devant la discrimination permanente dont sont victimes les Musulmans en Europe occidentale, alors que lIslam est la deuxième religion par le nombre de ses fidèles en France et en Belgique, et la troisième en Allemagne et en Autriche.
« Les États-Unis se sont engagés de façon active pour promouvoir le dialogue avec les autorités françaises » a déclaré Monsieur Seiple. « Le Président Clinton, la Secrétaire dÉtat Madeleine Albright, lAssistant au Secrétariat dÉtat et moi-même navons cessé dévoquer ces exemples de discrimination religieuse avec les autorités françaises tout au long de lannée écoulée et nous continuerons à le faire. »
« Notre but est de développer, avec le gouvernement français, une conception commune des actions conformes ou non conformes aux accords internationaux sur la liberté religieuse. »
« Scandaleusement dénués de tout fondement scientifique »
Discuter des problèmes actuels liés à la liberté de religion en France amène inévitablement à évoquer le rapport de la Commission parlementaire de 1996, qui avait établi une liste de 173 mouvements étiquetés comme sectes. Parmi les mouvements religieux figurant sur cette liste se trouvent un ordre catholique, les Baptistes, dautres groupes chrétiens, des groupes orientaux et dautres minorités à dominante religieuse.
Le rapport de la Commission a été vigoureusement dénoncé, en France comme à létranger, par les instances religieuses et de Droits de lHomme.
Le Dr Jeremy Gunn, universitaire de renom et auteur de nombreux ouvrages pour lInstitut Américain pour la Paix et la Commission Internationale sur la Liberté de Religion, déclarait : « Au cours des dernières années, lAssemblée Nationale française a également publié des rapports porteurs de nombreux préjugés à lencontre de ces prétendues sectes, qui sont, de façon particulièrement choquante, totalement dénués de tout fondement scientifique. »
Le révérend Skip LHeureux, Directeur Exécutif de la Fédération des Églises du Queens, a fait remarquer dans son témoignage devant la Commission du Congrès que, dans un jugement rendu au mois de mars dernier à Paris, en appel actuellement, « le tribunal a dénoncé les méthodes de recherche utilisées par J. Guyard comme non sérieuses. Pourtant la liste noire de ces 173 mouvements continue de circuler et est utilisée pour justifier la discrimination contre ces groupes. »
Ce rapport tant critiqué fut utilisé pour justifier la création de la Mission Interministérielle de Lutte Contre les Sectes (MILS) présidée par A. Vivien.
Continu...
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