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ÉDITION 1999 DU rapport annuel sur les Droits de lHomme du Département dÉtat américain, publiée en février 2000, condamne le gouvernement français pour discrimination et dénonce la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes dAlain Vivien. Ce document est lun des nombreux rapports officiels qui ont amené les défenseurs des Droits de lHomme à demander la démission dA. Vivien et la dissolution de la MILS.
Le rapport du Département dÉtat décrit en détail la façon dont des hommes politiques français agissent en violation de la Constitution, particulièrement en ce qui concerne les Témoins de Jéhovah et lÉglise de Scientologie.
Le Département dÉtat fait remarquer que la discrimination religieuse officielle et la désinformation qui laccompagne ont « contribué à créer une atmosphère dintolérance et de partialité contre les minorités religieuses. Certains mouvements ont témoigné que leurs membres étaient victimes dune intolérance croissante depuis quils figuraient sur la liste [de la commission parlementaire de 1996] ».
Condamnation Internationale
Fort heureusement, la France est lun des très rares pays de lUnion européenne à avoir choisi une politique de confrontation avec les minorités religieuses. Les organisations de Droits de lHomme, qui cherchent à instaurer un dialogue constructif pour mettre fin à lintolérance, ont pris à leur tour une position ferme et critique à légard du gouvernement français. En 1999, la Fédération Internationale dHelsinki (IHF), basée à Vienne, dénonçait ce quelle appelle « un schéma multiple de persécution de fait ».
LIHF a déploré la création de la MILS qui a conduit à des « articles diffamatoires dans les médias, interdictions professionnelles, discriminations religieuses de la part des autorités françaises et une progression notoire de lintolérance au sein de la société civile à légard de gens ordinaires en raison de leurs seules convictions religieuses ».
Dès 1996, la France se trouvait en décalage avec les références communément admises en matière de Droits de lHomme, comme le remarquait le rapporteur spécial de la Commission des Droits de lHomme auprès des Nations Unies. Celuici mentionnait spécifiquement dans son rapport que les nouvelles religions avaient droit aux mêmes protections que les religions établies et quen aucun cas « un État, un groupe ou une communauté navait le droit dagir comme gardien de la conscience individuelle, dencourager, dimposer ou de censurer une quelconque croyance ou conviction religieuse. » Le rapporteur spécial précisait que la distinction entre secte et religion était « trop artificielle pour recouvrir une réalité concrète ».
Une priorité en matière de Droits de lHomme
En juin dernier, lors dune audition sur lintolérance religieuse en Europe, le Président de la Commission sur la Sécurité en Europe à Washington DC, déclarait avec force que la Commission « ne laisserait aucune piste inexplorée même sil fallait aller jusquà faire de la France un paria en matière de religion, et quelle continuerait à soulever cette question tellement [la discrimination] semblait intolérable à nombre de ses membres... » Il comparait lattitude actuelle de la France à légard des minorités religieuses à celle de la Roumanie de Ceaus, escu.
Alain Vivien a refusé de rencontrer lune des expertes de la Commission dHelsinki sous le prétexte quelque peu paranoïaque quelle devait être membre d« une secte dangereuse » puisquelle défendait le principe de la liberté de religion. Le Président de la commission concluait ainsi : « Il est temps que cette question soit inscrite au rang de nos plus grandes priorités en matière de Droits de lHomme et non pas traitée comme une affaire purement intérieure laissée à linitiative du seul gouvernement français... ».
Viol des principes fondamentaux
Lexistence même de la MILS est une violation des lignes directrices adoptées par lAssemblée Parlementaire du Conseil de lEurope en juin 1999. LAssemblée avait rejeté sans ambiguïté la position de la France parce quelle nétait pas conforme aux principes fondamentaux des Droits de lHomme et notamment :
« Larticle 9 de la Convention Européenne des Droits de lHomme interdit aux États détablir des différences entre les diverses croyances et de créer une classification ou une échelle de ces mêmes croyances ce qui serait aux yeux de la Commission inacceptable. Le simple fait de faire une telle distinction serait une violation très grave des libertés garanties par larticle 9 de la Convention Européenne des Droits de lHomme, puisque le fondement même de ces libertés est labsence de distinction entre les croyances, ce qui explique le devoir des États à maintenir une neutralité. »
La position du gouvernement français offre un contraste saisissant avec le rapport provisoire sur la discrimination religieuse préparé en janvier 2000 par le Centre de Recherche des Religions de lUniversité de Derby, à lattention du Ministère de lIntérieur britannique. Le rapport anglais rappelle que « les droits garantis par la Commission et la Déclaration des Droits de lHomme sappliquent indifféremment aux croyances des dits nouveaux mouvements religieux ».
La propagande anti-religieuse de la MILS est également une violation directe de la Constitution française qui est garante de la liberté de religion. De surcroît, la France sest engagée à faire respecter les conventions internationales sur les Droits de lHomme et est tenue de respecter les décisions de la Cour Européenne des Droits de lHomme qui a jugé que « le droit à la liberté de religion tel que garanti par la Convention exclut tout jugement de la part dun Etat visant à déterminer si une croyance religieuse ou les moyens mis en oeuvre pour leur expression sont légitimes. »
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