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Monsieur Lionel Jospin
(Texte de la Lettre ouverte publiée le 14 juin 2000)
Cher Monsieur Jospin,
Aujourdhui se tient une audience publique du Comité des relations internationales du Congrès américain sur lintolérance religieuse en France, en Allemagne et en Autriche.
Cette audience tombe à pic car dans huit jours lAssemblée nationale française aura à voter un projet de loi dangereux et répressif dont le but est dinterdire les religions minoritaires en France.
Pour éviter un débat public et un examen par les organisations internationales de défense des Droits des lHomme, cette loi a été subrepticement introduite dans le calendrier de vote à la fin du mois de mai et suit tranquillement son chemin à lAssemblée Nationale.
Le préambule de ce projet de loi stipule son intention discriminatoire de paralyser les activités des organisations sectaires. Aucune tentative nest faite pour définir le mot secte, terme péjoratif utilisé en France pour étiqueter injustement pas moins de 172 minorités, parmi lesquelles les Baptistes, religion du président et du vice-président américains, les Mormons et les Témoins de Jéhovah.
Cette législation extrémiste et antidémocratique est la conséquence de lhystérie attisée par la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS) présidée par Alain Vivien. Bien que la France, à cause de la MILS, ait fait lobjet de sévères critiques de la part du ministre des Affaires étrangères américain et des mouvements pour les Droits de lHomme, la MILS na ni interrompu ni ralenti sa guerre implacable violant la constitution française et les traités internationaux sur les Droits de lHomme dont la France est signataire.
Dans son rapport 1999 sur lintolérance religieuse, la Fédération Internationale dHelsinki a mis en évidence une série dactions discriminatoires de la part du gouvernement français contre des minorités religieuses, actions dues à lexistance de la MILS :
« Diverses formes de persécutions de fait se sont développées. Les religions minoritaires ont été publiquement marginalisées et stigmatisées... des enfants appartenant à des religions minoritaires ont été désignés comme membres de tel culte dans leur école ou leur quartier. »
En dépit de lappel à la tolérance religieuse du Comité pour les Droits de lHomme des Nations Unies, du rapporteur spécial des Nations Unies sur lintolérance religieuse, de la Direction du Conseil dadministration des Droits de lHomme du Conseil de lEurope et de la Cour européenne pour les Droits de lHomme, la MILS persiste à ignorer tous les principes des Droits de lHomme.
« Diverses formes de persécution de fait se sont développées. ... des enfants appartenant à des religions minoritaires ont été désignés comme membres de tel culte dans leur école ou leur quartier. »
Fédération Internationale dHelsinki
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En tant que Premier ministre, vous seriez probablement mortifié dentendre comparer la France au gouvernement chinois. Et pourtant, si ce projet de loi est voté, il va détruire les libertés mêmes qui différencient la France de la Chine en mettant entre les mains du gouvernement le pouvoir de dissoudre toute organisation religieuse que lÉtat désapprouve, sous les prétextes les plus superficiels.
Quand les Chinois ont interdit certaines croyances minoritaires en octobre dernier, ils ont déclaré que cette loi était nécessaire pour maintenir la stabilité sociale et pour protéger les intérêts du peuple. Aujourdhui en France, ceux qui prônent lintolérance se font lécho des Chinois en répétant ces mêmes mots dénués de sens.
Le Parlement européen a critiqué le gouvernement chinois pour ses persécutions des minorités ethniques et religieuses, parmi lesquelles se trouvent non seulement Falun Gong, mais aussi les catholiques. Le Parlement a demandé au gouvernement chinois de garantir la démocratie, la liberté dexpression, la liberté de la presse, la liberté dopinion et de croyance religieuse.
Nous, qui avons en commun lamour de la liberté religieuse, nous faisons lécho de lappel du Parlement européen. Nous vous prions, Monsieur le Premier ministre, de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour faire retirer ce projet de loi, au nom « de la démocratie, de la liberté dexpression, de la liberté de la presse, de la liberté dopinion et de croyance ».
Continu...
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