DE LA REDÉFINITION DU MOT « RELIGION » COMME ARME DE PROPAGANDE
: la France célèbre officiellement le 400e anniversaire de lÉdit de Nantes, « lédit de tolérance », la Déclaration universelle des droits de lhomme, rédigée il
y a 50 ans, et sa victoire à la Coupe du Monde de football....
Cette victoire qui a uni tous les Français autour de léquipe
nationale, quelle que soit leur origine, leur race ou leur religion.
Au même moment, sous leurs masques de défenseurs des libertés
individuelles, les nouveaux inquisiteurs se sont attachés à créer
un climat de peur et de haine, à travers des campagnes de rumeurs
soigneusement construites.
Mais pour être crédibles aux yeux de lopinion publique, il leur
a fallu préparer le terrain.
Changer le sens des mots
Le Dr Massimo Introvigne, président du CESNUR (Centre dEtude
des Nouvelles Religions), décrit ainsi ce processus :
« Nul citoyen dun pays dEurope occidentale, et certainement
aucun membre dun gouvernement ou de la moindre commission parlementaire,
nadmettra être contre la liberté de religion. La technique utilisée
pour organiser des campagnes de discrimination contre des groupes
impopulaires est de redéfinir la notion de « religion ».
« Seule une définition large de la religion (par exemple, comme
un système de réponses aux questions fondamentales sur les origines
et le devenir de lhomme), paraît compatible avec les principes
de la liberté de religion inscrits dans de nombreuses constitutions
nationales, tout comme dans les déclarations et traités internationaux. »
Or, que constate-t-on ? Que dans bien des cas, les militants anti-mouvements
religieux vont mettre en avant une définition restrictive, destinée
à servir leurs convictions et à justifier exclusion et discrimination.
Le psychiatre J.-M. Abgrall, nous fournit une application parfaite
de ce principe. Devant limpossibilité de définir précisément
ce quest une secte, il propose tout simplement de remplacer ce
terme par celui de groupe coercitif sectaire.
Selon lui, un groupe coercitif utiliserait des manuvres visant
à établir un état de dépendance, « destiné à lobtention dun bénéfice financier ou autre, et ce quelle que soit lidéologie prônée par ce groupe. »
Nous nous permettons de signaler à J.-M. Abgrall que tout parti
politique cherchant 1) à convaincre ses adhérents de venir régulièrement
à ses réunions, 2) à faire élire ses candidats, ainsi que tout
club sportif entraînant régulièrement ses joueurs, et mettant
tout en uvre pour créer un esprit déquipe dans le but de gagner,
rentrent dans le cadre de cette définition.
Lutilisation des apostats
Un apostat est celui qui fait acte de renonciation publique à
une religion, à une doctrine ou à un parti. Ce nest donc pas
le fait davoir des doutes ou dabandonner des pratiques religieuses,
mais celui de dénoncer et de condamner publiquement ses anciennes
croyances.
Dans le passé, les apostats étaient sévèrement condamnés pour
avoir abandonné leur religion au profit dune autre. Considéré
à la fois comme lauteur dun crime contre lÉtat et dun péché
contre Dieu, lapostat était mis au ban de la société.
Aujourdhui, les médias renvoient une image radicalement différente : les apostats sont présentés comme des victimes de leur ancien
groupe religieux et non plus comme des individus ayant retourné leur veste et sont considérés comme des sources fiables dinformation. Cest
maintenant lapostat qui entreprend des actions punitives à légard
de son ancien groupe religieux, et ce avec lappui de la loi.
Si les apostats ne sont quune minorité, comment se fait-il quils
obtiennent un tel écho auprès des commissions parlementaires et
des médias ? Ceci est lié au rôle des organisations dites anti-sectes, qui semploient à diffuser largement et exclusivement ces témoignages,
alors que lon ne demande pas aux fidèles des nouveaux mouvements
religieux de sexprimer.
Le sociologue L. Kliever explique : « Le mariage et la religion impliquent tous deux un degré significatif
dengagement. Plus lengagement est profond, plus la séparation
est traumatisante. Plus lengagement a duré, plus est urgent le
besoin de blâmer lautre pour léchec de la relation.
« Ils (les apostats) trouvent souvent lauto-justification quils
recherchent auprès des associations anti-sectes ou auprès des
groupes de religion fondamentaliste, tous avançant des explications
de lavage de cerveau dans le but de rationaliser ladhésion soudaine
mais aussi le désaveu soudain du nouveau mouvement religieux. »
Ceci explique que les témoignages si complaisamment diffusés par
les médias aient souvent un caractère de déjà vu, car il sagit effectivement de personnes qui se sont déjà exprimées
à de nombreuses reprises. Qui na pas vu à la télévision ou lu
dans la presse, durant ces 10 dernières années, lex-scientologue
de service, devenu employé de lADFI, raconter son histoire ?
La propagande
Lorganisation anti-sectes qui nest pas composée de spécialistes, propose souvent des informations
qui sont tout simplement dépassées et non remises à jour. Les
conséquences peuvent être désastreuses.
Jeanine Tavernier, présidente de lUNADFI, écrit le 23 mai 1997
quun certain A. Poulin « né à Genève, habitant Onex maintenant, a bien été membre de
lOTS ». Une affirmation grave, qui sera utilisée par les accusateurs
dAndré Poulin dans la poursuite de leur campagne médiatique.
J. Tavernier reconnaîtra par la suite son erreur. « Je me suis fait piéger », déclare-t-elle en guise dexcuse au magazine LIllustré (1er juillet 1998).
Tout comme Jacques Guyard, qui, en date du 15 mai de cette année,
alertait par écrit le Premier Ministre sur cette affaire, et dont
le cabinet, fort embarrassé, a reconnu quil nexistait pas de
preuves !
André Poulin, économiste genevois réputé, se débat depuis janvier
1996 contre une campagne de rumeurs tendant à le faire passer
pour un dignitaire du Temple Solaire. Accusation dénuée de tout
fondement, née dune confusion avec un autre André Poulin, canadien,
et membre, lui, de lOTS. Même son père, ancien avocat âgé de
82 ans, est mis en cause, et sindigne : « Cest épouvantable. Ma femme fait une grave dépression nerveuse,
mon fils est détruit ».
LArbre au Milieu, association qui sintéresse aux violences familiales et travaille
en étroite collaboration avec les services sociaux, les magistrats,
les avocats, est une autre victime de ce type de débordements.
Le psychothérapeute Bernard L., fondateur de lassociation, soigne
au début des années 90 une jeune femme gravement anorexique qui
préfère alors sinstaller à Aix-en-Provence pour fuir une mère
trop possessive.
II accuse alors Anne-Marie F., la mère de la jeune femme, et lADFI
Bretagne davoir orchestré une campagne de dénigrement contre
lui, « un véritable déferlement de haine », dit-il.
«
la rumeur galope. LArbre au Milieu atterrit dans le rapport des RG, que recopie en 1996 le Rapport
parlementaire. » (Libération du 30/3/98).
Bernard L. explique : « Être sur la liste, cest être jugé, condamné moralement, détruit,
exécuté. Je le suis sans avoir pu me défendre, et sans quil y
ait eu le moindre commencement denquête. » (La Croix, 10/2/98).
Il perdra son procès en diffamation contre Anne-Marie F. et lADFI
Bretagne, les faits ayant été considérés comme prescrits par le
tribunal.
Dans un autre domaine, une poignée dauditeurs zélés dune station
de radio a été mobilisée pour réagir à la diffusion dun message
hautement subversif.
La campagne de publicité au sujet du livre Scientologie : Les Fondements de la Pensée incitait en effet à sinformer et à penser par soi-même. Dix
lettres stéréotypées postées de la même ville sempressèrent de
menacer la radio dune action en justice !
La libre circulation des idées a toujours été redoutée par les
partisans de la pensée unique. Pour complaire aux nouveaux inquisiteurs,
faudra-t-il demain brûler les livres ?