a Commission denquête parlementaire sur les sectes Guyard/Gest
a présenté en janvier 1996 un exposé indéniablement accusateur.
Vivement critiqué dès sa publication, tant pour la méthode employée
que pour ses conclusions, ce rapport était-il en réalité un rapport
bâclé ?
Quel est lobjet du rapport ? Létude dun phénomène social. Or
la commission a retenu des critères policiers comme seule approche possible !
Voilà ce quécrit Patrick Rougelet, ancien commissaire des Renseignements
généraux (1) :
« Les RG, sur la question, navaient pas grand-chose. En catastrophe,
il a fallu fabriquer « un rapport ». Un fonctionnaire sest chargé
de compiler les travaux faits par dautres, notamment par les
gendarmes [
] Le rapport des RG sur les sectes a ensuite inondé
toutes les rédactions, comme un document de référence. »
Changer le sens des mots
Juger ce que lon ne connaît pas :
« Visiblement, les travaux de la Commission ont été très sommaires.
[
] Elle reconnaît elle-même navoir quune très faible connaissance
du phénomène quelle analyse [
] Peut-on sérieusement soutenir
quil faut combattre un phénomène que lon ne connaît pas réellement ? » commente un professeur agrégé de droit public.
Où sont les sociologues ? Les spécialistes des religions ? Tout
simplement absents. La Commission, au cours de ses 6 mois de travail,
a procédé à vingt auditions, pour une durée globale de vingt et une heures. De quoi laisser rêveur.
Un rapport bourré de contradictions
La commission « a été confrontée à la difficulté de définir le terme de secte ». Quà cela ne tienne ! Puisque ce mot na pas de définition dans
le droit français, la commission a écarté lapproche juridique.
Mais cela ne la pas empêché de recommander des mesures quun
gouvernement totalitaire ne renierait pas : si les sectes ne violent aucune loi, alors changeons les lois !
Liste noire
Condamnés sans procès, et donc sans appel possible, 172 groupes
se sont retrouvés jetés en pâture à lopinion publique. Dans un
courrier récent, le Ministre de lintérieur rappelle que le rapport
parlementaire de MM. Gest et Guyard « na pas deffet juridique », et ajoute :
« Aucun groupement na donc jamais été classé comme secte par la République ».
Cette liste comprend aussi bien lÉglise baptiste dont fait partie
le président Clinton que des communautés catholiques ou bouddhistes.
À titre dexemple, les deux tiers des membres du congrès américain
appartiennent à lun ou lautre des mouvements étiquetés par la
commission comme sectes !
Cette liste noire a déclenché une véritable chasse aux sorcières médiatique et
encouragé la violence. Quelques jours après sa publication, une
bombe était déposée devant les locaux parisiens de lÉglise de
lUnification, suivie quelques mois plus tard par une explosion
dans les locaux dun autre mouvement religieux. Début 1997, une
autre bombe était déposée dans lÉglise de Scientologie dAngers.
La commission parlementaire, dominée par larbitraire et les préjugés,
a violé de façon délibérée le principe de la neutralité de lÉtat
et de la liberté de conscience. Le rapport de 1996 était un premier
pas vers un véritable droit de persécution envers les citoyens mal pensants. Or les membres les plus extrêmes de la commission, qui ne font
pas mystère de leur militantisme anti-sectes, ont été nommés en tant que personnalités qualifiées (?) membres de lObservatoire interministériel.
Faut-il y voir la volonté de lÉtat dinstaurer un apartheid religieux,
ou veut-on simplement détourner lattention des citoyens des vrais
problèmes ?