a lutte contre la fracture sociale, si souvent évoquée lors de la campagne présidentielle de 1995, a disparu des discours officiels. Chômage, faillite des systèmes déducation et de santé, délinquance, drogue : non traitées, les questions de société empirent jusquau moment où lexplosion sociale devient irrémédiable.
Selon le dernier rapport de Transparency International, organisation non gouvernementale chargée de lutter contre la corruption, la France se classe en 20e position, juste après certains pays africains.
Paris-Match, le 9 septembre dernier, établissait la liste de ces politiciens en-dessous de tout soupçon : Au Parti Socialiste, « 3 ténors et 8 seconds violons » sont mis en examen. Au RPR, 12 anciens membres du gouvernement assiégés par les juges, lisait-on dans ce magazine. France-Soir, le 10 septembre, titrait : Enquête sur les amis du PS : six socialistes dans le collimateur. En tout, plus dune centaine dhommes politiques, toutes tendances confondues, sont aujourdhui mis en examen.
Des milliards ont été pris dans la poche des contribuables pour combler les pertes scandaleuses du Crédit Lyonnais. On cherche les 5 millions manquants du PR qui, après avoir transité sur plusieurs comptes, ont disparu : huit personnes sont déjà mises en examen pour blanchiment dans cette affaire. Le dossier Elf Aquitaine, avec ses commissions et ses salaires fictifs, na pas encore livré tous ses secrets.
Dans le dossier de la Mutuelle Nationale des Etudiants de France (MNEF), on parle dun système de filiales qui aurait permis de détourner 100 millions de francs par an. Chaque jour ou presque, on découvre une nouvelle Société dÉconomie Mixte (SEM) qui aurait bénéficié de marchés publics hors des règles de mise en concurrence.
Emplois fictifs à droite et à gauche, ponctions dans des associations à but non-lucratif, trafic dinfluences, concussion, corruption passive, financements occultes, tout cela représente une vraie menace pour notre démocratie.
Laffaire Clinton-Lewinsky semble bien ridicule à côté de ces abus de pouvoir généralisés !
Même si une très grande partie des maires, conseillers municipaux, élus locaux font leur travail honnêtement et parfois sans compter, voire bénévolement, il est certain que la gent politique est totalement discréditée pour lutter efficacement contre la délinquance économique.
Sans préjuger de leur culpabilité, on est tout de même en droit de se poser des questions lorsque lon sait que les groupes qui exigent aujourdhui des commissions denquête financière sur les nouveaux mouvements religieux ont à leur tête des hommes mis en examen pour traffic dinfluence ou concussion.
Autre fléau de notre société, la lutte contre la drogue réclame une mobilisation générale. Or le rapport de la Cour des Comptes rendu public le 7 juillet dernier relève une « insuffisance de volonté politique », des « carences de lorganisation des services de lÉtat » et des « dysfonctionnements [...] tant à léchelon central quau plan local », et souligne que lÉtat sest trouvé « dans lincapacité de conduire une politique densemble dans la lutte contre la toxicomanie ». Incapacité renforcée par les défaillances de la structure de coordination interministérielle.
Les crédits spécifiques accordés à ces actions sont pourtant estimés à plus d1 milliard de francs !
Voyons le cas du développement alarmant de lectasy, dont les saisies sont passées de 13 000 en 1990 à 349 000 en 1996. Les spécialistes de lINSERM en dénonçaient en juin dernier les dangers non seulement physiques mais aussi psychiques : réactions dépressives, déconnection de la réalité, désinhibition artificielle, maux de tête, nausées, destruction de cellules nerveuses...
Or les campagnes de prévention sont plus que timides, pour ne pas dire inexistantes.
Face à ce grave problème, que se passe-t-il sur le plan politique ? On caresse démagogiquement lidée de peut-être, pourquoi pas, dépénaliser le cannabis, au risque davaliser ce premier pas vers une toxicomanie plus lourde.
Autre menace directe sur lavenir de nos enfants : la faillite de léducation.
Cette dégradation se poursuit en dépit des réformes et des faux débats dont on nous abreuve. Vingt pour cent des élèves sortant de lécole primaire sont incapables de lire et décrire, rappelait récemment le député de lEssonne, Nicolas Dupont-Aignan. Les enfants sont sacrifiés sur lautel des méthodes inefficaces, et personne ne semble sémouvoir quà 20 ans, il leur faudra tout reconstruire... ou tout détruire. La révolte de la jeunesse des quartiers difficiles nest pas une chimère, elle plonge ses racines dans la faillite de lécole daujourdhui, expliquait-il dans une interview au Figaro.
La montée de la violence et de la délinquance juvénile, directement liée à léchec de lécole qui ne favorise ni la compétence ni son application dans le monde professionnel est aussi un des très graves problèmes que nos hommes politiques devraient traiter en priorité.
Chômage et exclusion sont les reflets patents dun système qui ne récompense ni linitiative ni la productivité, et à linverse se focalise sur un assistanat qui, dun côté, donne bonne conscience à ceux qui le dispensent, et, de lautre, peu despoir den sortir à ceux qui en bénéficient.
Loin de nous lidée de vouloir dresser un tableau apocalyptique de la situation de notre pays qui, par rapport à bien dautres contrées, se porte relativement bien. Mais ça pourrait être pire nest pas une excuse pour laisser faire. Personne, pratiquement, dans quelque parti que ce soit, nest là pour prendre les problèmes à bras-le-corps et tracer des objectifs. On préfère faire des coups médiatiques.
On la vu lors de la dernière Coupe du Monde, nos concitoyens sont capables denthousiasme, de cohésion et de foi dans le pays, pour peu quil sagisse de projets forts, propres à revitaliser leurs forces et leur bonne volonté.
Il y a du travail à faire, des choses à changer, de profondes réformes à mener.
Sen prendre à des boucs émissaires ne changera rien à linéluctable dégradation des affaires, et cette absence daction rejaillira sur ceux qui font semblant de régler les problèmes. Ceci nous concerne tous et si nous ny faisons pas face maintenant, nous les retrouverons plus tard, barrant notre chemin et celui de nos enfants et de nos petits-enfants. Assez de cynisme à la sauce no future, il ne dépend que de nous dy faire quelque chose. Comme le dit une publicité sportive célèbre, Just do it !(1)
(1) Faites-le, tout simplement.
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